Femmes et nature
Depuis la nuit des temps, les femmes se sont rassemblées, liées par un inextricable fil rouge, tantôt saignement tantôt cordon ombilical, porte d’entrée de nombreux mystères marquant le rythme de leurs pas sur terre, tel un tambour les liant aux cycles de vie, à la lune et aux saisons. Conscientes de porter un fragment d’univers dans leur ventre, ces moments étaient célébrés et honorés. Les femmes vivaient alors leur vraie nature, tel un parcours initiatique, laissant les vagues de chaque phase les emporter et les chevaucher, tant dans leur rudesse que leur douceur.
La sédentarisation, le patriarcat et l’influence des religions ont mis à mal cet espace de pouvoir propre aux femmes allant jusqu’à le nier, le bafouer, le violenter et le porter au bûcher pour éteindre à tout jamais ce flux sacré. Mais même cachées, répudiées, séparées les unes des autres, les femmes ont continué de saigner toujours traversées par autant de vagues qu’elles cherchent à comprendre et apprivoiser. Doucement, le féminin sacré renaît de ses cendres depuis quelques années et voilà que des mots et des rites oubliés resurgissent. Que les petites filles des sorcières recouvrent leurs pouvoirs et osent en parler et même revendiquer leur vraie nature, cette nature cyclique tant reprochée. Ainsi des cercles se tissent et d’anciens secrets se chuchotent de nouveau, le plus délicieux étant sans doute celui de notre nature cyclique, cette danse des phases qui nous habitent, des saisons qui nous traversent… ce fragment de mystère et d’univers que nous portons en dignes filles de la Terre !
Femmes et cycles
Ainsi les saisons que nous offre la nature sont aussi dans notre ventre, notre antre et celles-ci sont riches de semailles et de récoltes, de personnalités, de variations. Autant de possibilités à apprivoiser pour mieux vivre ce cycle, honorer le don de féminité et marcher sur un sentier de paix, d’acceptation, de création et d’entièreté.
La femme est cyclique, chaque phase en amorce une suivante et ainsi de suite. Un rythme auquel il est impossible de se soustraire, bien que nous nous y acharnions depuis une trop longue éternité… S’il ne nous viendrait pas à l’idée de commander des récoltes en pleine tempête hivernale ou de la neige au mois de juillet nous exigeons aux femmes d’être constantes, lisses, linéaires, optimales, toujours, et tout le temps. Or notre vraie nature n’est pas ainsi faite et à force de nous nier, nous nous épuisons… ou explosons, c’est selon!
Aussi pour marcher ensemble notre cyclicité, je vous raconterai au fil de l’année les 4 saisons que nous abritons, leurs liens à nos phases menstruelles et aux archétypes qui les représentent.
Une histoire formidable pour mieux se comprendre et mieux se créer, pour s’apprivoiser et dialoguer avec nos aimés, pour oser danser avec tous nos états et nous réapproprier notre vraie nature afin qu’elle soit, que nous soyons enfin respectées… et honorées.
Rituels pour s’unir à nos saisons intérieures et extérieures
Dans nos ventres de femmes se loge une reproduction de l’Univers, où chaque phase de notre cycle fait écho à une saison en lien avec un archétype* Ainsi il nous est possible de tisser un écho entre notre nature intérieure et celle qui se vit dehors. De quelle façon l’hiver s’adresse à nous ? Qu’est ce que cette saison nous fait vivre et ressentir ? Que dit-elle de nous ?
Février est à l’hiver nous enjoignant à ralentir et à demeurer au fond de nos tanières afin de préserver notre énergie. Avec les jours qui agrandissent doucement, nous assurant du retour du printemps, voilà le moment idéal pour plonger encore un peu plus au cœur de la médecine de l’hiver. Profiter de ce temps figé pour descendre en nous, visiter nos entrailles, contacter la Femme Blanche détentrice de nos lignées et gardienne de la Sagesse des Grands-Mères dont l’ultime pouvoir est d’accepter de ralentir ainsi que ceux d’honorer leurs pas, de faire le bilan de leurs vies et choisir ce qu’elles ont à transmettre, ce qui vaut la peine d’essaimer, afin d’ensemencer la prochaine saison.
Femmes et menstruations
Si nous ne sommes pas encore Grand-Mère, le meilleur moment pour apprivoiser cette posture et approcher cet archétype qui vit en chacune de nous est sans doute celui de la menstruation où le corps entier appelle au repos afin de consentir à la petite mort qui se joue en lui. Voilà le temps de faire une pause.
Ainsi chaque mois il nous est possible de profiter à nouveau de la grande quiétude de l’hiver et de la Sagesse de la Grand-Mère en prenant le temps de revisiter notre mois écoulé. Faire un feu ou allumer une bougie en écho à notre feu intérieur et revoir nos fiertés, nos réalisations, nos émotions, observer ce qui a été porteur ou non, ce qui nous a nourri ou détruit. Puis trier et choisir en pleine conscience ce que nous transmettons à notre prochain cycle, au prochain printemps
Que gardons-nous, que mettons-nous de côté? Quelles sont nos intentions pour le mois à venir? Où allons-nous mettre nos énergies?
*archétype : symbole universel, appartenant à l’inconscient collectif.
Texte et photo: Laetitia Toanen
Accompagnatrice en pratique rituelle
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