J’ai appris à lire, je n’avais que cinq ans, alors que j’étais déjà en première année. J’ai tout de suite été fascinée par le monde de la littérature qui s’ouvrait à moi. Un monde fantastique où tout était possible et où l’imagination n’avait aucune limite. J’étais devenue, comme Alice, fanatique du pays des merveilles.
Toutes les histoires fabuleuses que je lisais tournaient souvent en carrousel dans ma tête et je suis devenue une enfant extrêmement lunatique. Des rappels à l’ordre répétés devenaient nécessaires pour la bonne suite de mon apprentissage scolaire. Suzanne, la lune, disait-on souvent.
À l’adolescence, mes lectures ont continué à me suivre sur une base régulière. De l’Herbe bleue au Seigneur des anneaux de JRR Tolkien et d’innombrables romans de tous acabits. Je gobais de la littérature et je m’intéressais à plusieurs genres.
Ma vie adulte a été agrémentée de beaucoup d’auteurs et de romans différents. Mon premier roman québécois en 1981 : « Le matou » d’Yves Beauchemin que j’avais adoré.
Je crois sincèrement qu’il faut avoir lu énormément pour pouvoir contracter le goût d’écrire et aussi pour atteindre un bon niveau d’écriture. Il faut avoir lu différents genres également pour pouvoir trouver son style. Ce dernier viendra tout naturellement. On le porte en soi et il provient de sa propre individualité et de ce qui nous a marqués dans la vie et dans nos lectures.
J’ai commencé à écrire des nouvelles à partir de 2012. Le goût de l’écriture croît avec l’usage. En 2013, j’ai commencé la rédaction de mon roman « Les monstres du placard ». Les personnages étaient des enfants vivant des situations toxiques. C’était un sujet qui m’interpellait beaucoup. Je voulais traiter ce sujet d’une nouvelle façon. Le roman était principalement narratif et décrivait les pensées du personnage principal, Sylvia, sa façon de voir le monde qui l’entourait, les expériences qu’elle et sa famille vivaient ainsi que les conclusions qu’elle pouvait en tirer.
Ce roman fut un travail colossal, mais comme j’aimais écrire c’était aussi un énorme plaisir. Je me sentais devenir l’artiste que j’avais toujours senti en moi.
Dès que j’ai eu terminé l’écriture du roman, je savais que mon projet ne pouvait s’arrêter là. Tout comme le peintre aurait été rebuté de devoir ranger ses œuvres dans un placard où elles ne seraient vues par quiconque, l’auteur n’a qu’un désir : celui d’être lu.
J’ai dressé la liste d’éventuelles maisons d’édition pouvant être intéressées par mon roman et je me suis pliée à leurs exigences. J’ai maintes fois imprimé mon manuscrit, alors qu’il comportait 319 pages, pour leur poster. On parle ici de frais assez imposants ainsi que de beaucoup de papier. Je suis devenue une fidèle cliente des comptoirs de Postes Canada.
Je me suis sentie souvent fébrile en ouvrant un courriel ou une lettre reçue d’une maison d’édition. Puis, j’ai été déçue en lisant leur lettre qui en était une de refus.
Il est probable que les éditeurs aient considéré le fait que j’étais une illustre inconnue et que je survenais de nulle part dans le monde de la littérature. Je demeure convaincue que la plupart d’entre eux n’ont pas lu mon manuscrit, tout simplement.
J’en étais venue à lire les lettres de refus des éditeurs avec une totale indifférence. Je savais désormais que l’autoédition était ma porte de salut. Je voulais plus que tout mener mon projet à terme et devenir une vraie écrivaine. Pour le devenir, il fallait que mon roman soit lu.
Pour parvenir au lectorat sans passer par une maison d’édition, il faut y mettre beaucoup d’efforts. Il faut aussi obtenir de l’appui et de l’aide concrète.
Un roman, on l’écrit tout seul. Mais ça ne se réussit pas sans aide. Il m’a fallu les conseils et le savoir-faire de gens du milieu de l’autoédition. J’ai trouvé mon mentor.
J’ai consulté « La porte ouverte sur les mots » de Rimouski. Daniel Projean et Georgette Renaud y exercent un travail formidable qui en plus est gratuit. Ils enseignent les différentes étapes de l’autoédition aux différents auteurs qui se réfèrent à eux. Ils m’ont aidé à reprendre confiance et à persévérer avec mon projet de roman. J’ai continué à travailler très fort, mais sous un angle différent. Je ne postais plus mon manuscrit et je travaillais pour l’avancement de ma propre édition désormais.
Selon l’expérience que j’ai vécue, il y a quelques clés importantes qu’il ne faut pas perdre de vue lorsqu’on est certain de son talent et qu’on veut voir aboutir son projet d’écriture afin qu’il se rende sur le marché et dans les librairies. Comme c’était mon rêve le plus cher, je n’ai pas ménagé mes efforts. Voici quelques conseils que je prodiguerais.
– Ne jamais perdre de vue son projet. C’est probablement votre projet le plus important que vous ayez entrepris. La réussite viendra au bout de vos efforts, si vous y croyez vraiment.
– Travailler sans relâche. Il ne faut pas oublier que pour parfaire son texte, il faut le lire et l’écrire à nouveau à maintes reprises. Comme Boileau l’a dit « Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage ». Également, il est important de le faire lire par quelqu’un que vous pouvez considérer posséder un bon jugement.
– Ne jamais écouter les commentaires défaitistes des gens à qui vous parlez de votre projet. Surtout lorsqu’il s’agit des membres de votre propre famille. Il peut arriver qu’ils n’y croient pas. Mais c’est votre projet, pas le leur. C’est vous qui le mènerez à terme. Ils ne veulent pas mal faire et ils sont inconscients à quel point celui-ci vous tient à cœur.
– Soyez déterminé. Vous devrez être armé d’une détermination inébranlable et d’une autodiscipline rigoureuse. Un travail acharné vous attend. C’est pour cela que vous devez être doté d’une très grande passion pour l’écriture. C’est cette dernière qui sera votre gage de réussite.
– N’abandonnez jamais. Oui, bien sûr, vous aurez des périodes de découragements. Il vous arrivera même de douter de vous à certaines occasions. Sachez que ces périodes de découragements vont être suivies par d’autres périodes où votre détermination prendra encore plus d’ampleur.
Je voulais et je devais réussir, coûte que coûte. J’étais toute une passionnée. Ce roman était si précieux, si important. Je me devais de le mener à terme. J’étais prête à y mettre tous les efforts pour y parvenir. J’étais la combattante, la guerrière et je devais réussir. J’en devenais de plus en plus convaincue.
Après avoir écrit le troisième jet de mon roman, je croyais être enfin prête. Jusqu’au point où, dans ma tête, il était absolument clair que j’allais réussir. La réussite de mon projet devenait inéluctable. Cela devenait l’évidence même.
J’ai engagé un excellent correcteur en la personne de Vianney Gallant. Il corrigeait habituellement des thèses d’universitaires. Il avait le goût de corriger un roman, pour faire changement. Ce serait plus léger. De mon côté, le fait d’obtenir l’aide de mon correcteur m’a quelque peu mis en confiance. C’était important pour moi d’éliminer les erreurs et les imperfections dans mon texte qui auraient pu me laisser des regrets amers après que le roman ait été imprimé et distribué au lectorat.
Deux jets plus tard, après les révisions de mon correcteur, mon roman était prêt. J’ai demandé des soumissions chez des imprimeurs et j’ai effectué mon choix. Comme je sais dessiner, j’ai participé à la présentation de la première de couverture en y intégrant mon dessin représentant les cinq enfants de la famille sur lesquels se basait l’histoire du roman. En bonne optimiste de mon succès, j’en ai fait imprimer cinq cents copies.
La première fois que j’ai vu mon roman dans une librairie, j’ai vécu de fortes émotions. Il était visible de la porte d’entrée vitrée. Je suis entrée juste pour le toucher afin de m’assurer que je ne rêvais pas et qu’il était bien tangible. Puis, je suis ressortie les yeux pleins d’eau. Je suis retournée à mon véhicule et là, j’ai fondu en larmes. Il y avait tellement de choses qui remontaient à la surface. Tout le travail accompli et tous les moments d’espoir. Les périodes de découragement suivies de celles où je reprenais confiance. Toutes ces fois où j’ai regardé dans les vitrines des librairies pour y voir les romans des autres avec envie. Les romans de ceux qui avaient réussi à se frayer un chemin vers le lectorat. Toutes ces pensées se bousculaient en cascade dans ma tête, alimentant les larmes qui inondaient maintenant mon visage. Ce trop-plein d’émotion était rempli de joie, bien sûr, mais il était étrangement chargé de compassion pour la battante qui avait travaillé si fort pour parvenir à réaliser son rêve.
Mon premier lancement de livre s’est produit à Dégelis le 27 septembre 2019 à l’Hôtel le 1212. C’était l’endroit idéal pour le rodage du roman puisque j’ai vécu trente ans à cet endroit avant de m’installer à Rimouski en 2015. Ce fut une soirée remarquable et riche en émotions diverses. Il faut dire que j’étais en terrain connu. Gilles Caron de Radio Dégelis m’avait donné un coup de main pour la publicité. J’avais été animatrice de fin de semaine à la station radiophonique à la fin des années 80. Une entrevue téléphonique avait été réalisée par la station de radio pour l’occasion de mon premier lancement.
J’ai réalisé mon deuxième lancement à Rimouski le 18 octobre 2019 au Bistro Bar Le St-Louis. Ce fut une soirée exaltante. J’ai eu la chance d’avoir Daniel Projean comme maître de cérémonie. Mon correcteur, Vianney Gallant était également présent et m’a fait l’honneur de parler de mon roman et de son attachement aux personnages qui y évoluaient. Il a débuté en chantant cette chanson de Georges Moustaki dont parle mon roman et qui le représente si bien « Les rois serviles ». J’étais vraiment émue, et je l’ai chanté en même temps que lui alors que je me trouvais au fond de la salle. Ensuite, mon frère Daniel a pris la parole et son discours sur les enfants vivant des situations toxiques, comme ceux de mon roman, était très touchant.
Pour conclure, je vous raconte une anecdote. Cela s’est produit deux jours avant mon lancement de livre à Rimouski. Bien sûr, j’excelle en tant que miss dernière minute. J’allais porter mon roman à Vianney Gallant, mon correcteur. Il en avait besoin pour pouvoir en parler à mon lancement et le lirait pour une troisième fois. C’était la première fois que l’on se voyait. Toutes nos communications s’étaient passées par téléphone ou texto. Nous avons parlé un peu. Puis, nous nous sommes étreints, emportés par l’émotion du travail que nous avions partagé dans ce roman. Les personnages du roman « Les monstres du placard » nous habitaient soudainement encore comme une vaste vague.
Est-ce toi sur la photo avec les deux sabres ?
Un très bel article sur le pouvoir du vouloir!!! Bravo
Chère Suzanne
Quel travail colossal! Tu récolte enfin le fruit de tes efforts.
Félicitations et bonne continuité.