Se souvenir
Se souvenir, c’est évoquer un temps passé où la vie était fort différente de celle que nous traversons. Le temps coulait-il plus lentement ? Peut-être à notre regard, mais cependant il fixait le même rythme que maintenant. Les souvenirs sont le fruit d’un amalgame de faits, d’actions, d’événements qui nous ont marqués ou que d’autres personnes que nous avons côtoyées, nous ont transmis.
Devons-nous préserver les souvenirs ? Oui ! C’est essentiel ! C’est le terreau sur lequel nous construisons notre existence. Bien de jeunes enfants s’intéressent à ce temps qui a prévalu avant eux. Ils sont avides de connaître les us et coutumes d’une époque révolue. Leur curiosité est insatiable et elle leur permet d’envisager leur vie dans une trame plus large que la période dans laquelle ils baignent.
Le quotidien d’antan
Certains veulent découvrir le quotidien d’antan : se rendre à l’école en voiture à cheval, cueillir les petits fruits des champs, marcher sur les trottoirs en bois, aller chercher le lait à la ferme à chaque jour “beau temps, mauvais temps”, rentrer le bois de chauffage à l’automne, prendre soin de ses jeunes frères et sœurs…
Pour rappeler les souvenirs liés à la naissance de Saint-Donat, mentionnons que ce territoire, alors sans nom défini, a vu ses premiers occupants vers 1840. Il comprenait une partie de la seigneurie Lepage et Thibierge, de la seigneurie Lessard et un morceau du canton Neigette. Un peu plus tard on lui attribua le nom “Mission Neigette”. Le prêtre desservant, l’abbé Gabriel Nadeau vint par intervalles enseigner le catéchisme et célébrer la messe à la maison de monsieur Ignace Fournier.
Venus de Sainte-Luce d’abord, et de lieux plus éloignés tels que Rivière-Ouelle, Saint-Pacôme, Saint-Alexandre, Saint-Patrice, plusieurs se sont installés sur les bords de la rivière Neigette. Graduellement ils ont défriché et cultivé la terre sur différentes parcelles. D’autres familles sont arrivées et elles ont essaimé sur de nouveaux espaces. Cet afflux de personnes créa des rangs plus nombreux et une petite agglomération qui devint le cœur du village au milieu duquel on souhaita dès 1858 ériger une église. Mais il fallut attendre l’année 1861 avant que l’édification d’une chapelle ne débute. À ce moment, le choix d’un nom pour la paroisse se porta sur l’inversion du patronyme de Nadeau, nom du prêtre fondateur, d’où le nom de Saint-Donat.
Des débuts difficiles
Les débuts furent difficiles, certaines terres étant incultes. Tout était à bâtir : maison, mobilier, grange-étable et dépendances. Les chemins furent tracés de façon minimale, la boue l’été et la neige l’hiver entravaient les déplacements. Un bac reliait les deux rives de la rivière à l’endroit où le pont la traverse de nos jours à l’entrée nord de la municipalité.
Le travail assez difficile en forêt offrit à bien des pères de famille et des jeunes hommes un revenu nécessaire. Des moulins à scie, construits au fil du temps dans la vallée de la Neigette, permettait aussi à certains de gagner un salaire.
Des enfants de ces familles prirent racine en ces lieux, s’établissant non loin de la terre familiale ou sur une portion morcelée de cette même terre. Beaucoup d’autres émigrèrent dans les états limitrophes de notre voisin du sud : Maine, Massachusetts, New-Hampshire etc. La plupart ne revinrent jamais. Cependant la vie dans les manufactures ne convenant pas à tous, quelques-uns ont préféré la campagne qui les avait vus naître.
D’hier à aujourd’hui
Avec le temps, il y eut de moins en moins de fermes, car les nombreuses petites entreprises agricoles des années 1930-1940-1950 disparurent pour laisser la place à quelques entreprises ancrées dans ce deuxième millénaire, à la fine pointe de la technologie.
Des gens sont arrivés comblant le vide laissé par toutes les formes de départ. Des hommes et des femmes œuvrant en éducation, en santé, en sciences, en informatique habitent l’espace donatien apprivoisé il y a plus de 150 ans par des êtres courageux et tenaces qui malgré les contraintes innombrables ont tenu “feu et lieu”.